Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/121

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leur intention soit d’adorer seulement du bois ou de la pierre dans leurs idoles ; mais ils prétendent, sans doute, adorer quelque Divinité, qu’ils croïent résider d’une façon toute particulière dans le bois, dans la pierre, dans l’or ou dans l’argent, dont leurs idoles sont composées) si, dis-je, ces Païens prétendoient justifier par-là le culte de leurs idoles, nos Christicoles ne laisseroient pas pour cela que de les blâmer et les condamner, et même de se moquer d’eux et de leur prétendue croïance. Qu’ils se reconnoissent donc eux-mêmes dignes de blâme, dignes de condamnation et dignes de honte et de confusion, puisqu’ils disent et font eux-mêmes, ce qu’ils jugent être dignes de condamnation et de confusion dans les autres. Si, par exemple, les Prêtres de l’idole de Bel, dont il est parlé dans le prophète Daniel, eussent eu l’adresse, l’avisement ou l’industrie, de savoir distinguer, comme font nos Christicoles, la substance des accidents, et de dire que leur Dieu Bel mangeoit seulement la substance de toute cette grande quantité de pain, de viande et de vin, qu’on lui donnoit tous les jours, et qu’il leur laissoit à eux, à leurs femmes et à leurs enfans seulement les accidens à manger, et qu’on les eut cru sur leur parole, dans une si belle et si subtile doctrine, ils n’auroient eu que faire, de manger en cachette ce que l’on présentoit à cette idole ; ils auroient pu se repaitre agréablement eux, leurs femmes et leurs enfans, des bons restes de leur Dieu, et cela à la vûe de tout le monde, sans courir aucun risque ; ils auroient certainement bien mieux joué leur jeu et bien mieux couvert leurs tromperies et n’au-