Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/167

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qui auroit tant de douceur et de bonté pour les hommes, auroit voulu reprouver, perdre et condamner tout le genre humain, non seulement à toutes les peines et à toutes les misères de cette vie, mais aussi à brûler éternellement dans les flames effroïables d’un enfer, pour une si légère faute, que celle qu’Adam auroit commise, en mangeant dans un jardin quelques fruits qui lui auroient été défendus ? Et pour une faute, qui ne méritoit pas un coup d’étrivière. Il est indigne d’avoir seulement une telle pensée d’un Dieu, qui seroit souverainement bon et souverainement sage.

3o. Si une telle faute devoit tellement irriter et offenser sa divine Majesté, que de vouloir pour un si petit sujèt réprouver, perdre et rendre malheureux tous les hommes, est-il croïable qu’un Dieu infiniment bon, infiniment sage et tout-puissant n’auroit pas voulu empêcher ou détourner cette faute, plutôt que de vouloir la laisser commettre, pour avoir des suites et des conséquences si funestes et si fâcheuses pour tout un monde ? Il auroit pû facilement par sa Sagesse, par sa Providence et par sa Toute-puissance empêcher cette prétendue faute, s’il avoit voulu, et sans même qu’il lui en eut coûté aucune peine, ni aucun travail ; et ne l’aïant point empêché, c’est donc qu’il n’auroit pas voulu l’empêcher ou qu’il n’y auroit pas pensé : ni l’un ni l’autre ne se peut dire d’un Dieu qui seroit tout-puissant, infiniment bon et infiniment sage ; car il seroit entiérement contre la nature d’une souveraine bonté et d’une souveraine sagesse de ne pas vouloir empêcher ou détourner la source et la cause d’un si grand mal, ou plutôt la