Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/177

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bon voudroit, par exemple, faire brûler éternellement dans les flames de l’enfer de jeunes gens, pour avoir pris ensemble quelques momens de plaisir, pour avoir suivi le doux penchant de leur nature, pour s’être laissés aller à un penchant, que Dieu lui-même auroit si fortement imprimé dans la nature, ou même pour avoir seulement consenti, ou pris complaisance, dans des pensées, dans des désirs ou dans des mouvemens charnels, que Dieu lui-même auroit formé et excité en eux ? Cela est entièrement ridicule et absurde, et il est ridicule d’avoir seulement de telles pensées d’un Dieu et d’un Être qui seroit infiniment bon et infiniment parfait ; la pensée seule d’une telle cruauté et d’une telle indignité fait horreur meminisse horret animus. Et ainsi c’est manifestement une erreur dans la Morale Chrétienne de condamner, comme elle fait, dans les hommes des pensées, des désirs et des inclinations qui leur sont si naturelles et qui sont si légitimes et si nécessaires à la conservation et à la multiplication du genre humain ; et c’est une erreur de les regarder comme des inclinations vicieuses ou comme des vices dignes de punition et de réprobation éternelle.

Je ne dis cependant point ceci pour aprouver ou pour favoriser en aucune manière le libertinage de ceux et de celles, qui s’abandonnent indiscrètement ou excessivement à cette inclination animale. J’en blâme et j’en condamne les excès et les dérèglemens, aussi bien que tout autre excès et dérèglement, et ne prétends pas excuser ceux ou celles qui s’exposent indiscrètement à perdre leur honneur, ou à encourir par-là