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bien ; mais si vous faites acception de personne, vous péchez, et vous vous rendez prévaricateurs de la Loi. C’est donc manifestement un abus et un très-grand abus dans la Réligion Chrétienne, d’y voir, comme on y voit, non seulement des injustes et odieuses acceptions de personnes, mais d’y voir aussi une si énorme, une si injuste et une si odieuse disproportion entre les différens états et conditions des hommes. Mais voïons un peu aussi d’où provient présentement cet abus, et quelle en pouroit être l’origine et la cause. Voici comme un Auteur judicieux en parle.




XLIV.


Si nous considérons, dit-il,[1] l’orgine de la Noblesse et de la Grandeur Roïale, et si nous suivons la Généalogie des Princes et des Potentats et que nous allions jusques à la source, nous trouverons, dit-il, que les prémiers parens de ceux qui font tant de bruit et tant de cas de leur noblesse, étoient des gens sanguinaires et cruels, des oppresseurs, des tyrans, des perfides, violateurs de la Foi publique, des voleurs, des parricides, en un mot la Noblesse la plus ancienne n’étoit que méchanceté, soutenue de la puissance et qu’impiété, accompagnée de dignité. Qu’a t-on fait en rendant jusqu’à present la noblesse successive ou par hérédité,

  1. Esprit Turc. Tit. de Mold. T. 5, lettre 22.