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De la plupart des villes Épiscopales on n’en voit presqu’aucune qui n’ait quelque Abbaïe de l’Ordre de S. Bénoit, dont la magnificence, l’autorité et la richesse ne ravale entièrement l’honneur qui est dû à l’Évêque du lieu, témoin, dit-il, l’Abbaïe de Frescamp, de Jumiége, le Bec, St. Ouin au Diocèse de Rouen, de combien surpassent-elles les biens de l’Archevêque de St. Remy à Rheims, St. Liévain de Beauvais, St. Etienne de Caën, St. Servin de Toulouse, St. Martin de Tours, St. Vincent du Mans, St. Martin de Cais, St. Michel près d’Avranche et tant d’autres, que l’on pouroit nommer à centaine, sont autant d’exemples de cette vérité. L’Évêché de Paris, le plus peuplé de l’Europe et possible de tout le monde, avant que Msgr. le Cardinal de Gondy y eut augmenté les revenus de plus de cinq parts, n’étoit pas de dix mille livres de rentes, cependant il avoit devant lui l’Abbaïe de S. Denys, celle de S. Germain des Prez, et même le Prieuré de St. Martin des Champs, l’une des filles de l’Abbaië de Clugny, dont ces deux Abbaïes, outre toutes les marques et jurisdictions Épiscopales et Loi Diocésaine avoient 30 fois autant de revenus que l’Évêque, et le Prieuré 30 fois autant. Les Bénédictins ont sans doute raison, comme dit par raillerie Mr. l’Évêque du Bellay, ils ont raison de mettre aux piés de leur Fondateur les Mitres et les Crosses, pour montrer qu’ils traitent les Évêques en petits garçons. L’on tient qu’il n’y a pas moins dans cet ordre que 15 mille Abbaïes d’hommes, dont tous lesAbbés sont crossés et mitrés et 15 mille Abbaïes de Moinesses ou Moniales, dont les Abbesses portent la crosse et