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de familles et de familles, et s’ils se regardoient et se considéroient véritablement les uns les autres comme frères et soeurs, ainsi qu’ils le devroient faire, suivant même les principes de leurs superstitieuses Religions, nuls d’entr’eux ne pouroient se prévaloir, ni se vanter d’être d’une meilleure, ni d’une plus noble naissance que leurs compagnons, et par conséquent ils n’auroient point lieu de se mépriser les uns les autres, ni de se faire les uns aux autres des reproches injurieux au sujet de leur naissance, ou de leur famille, mais chacun se trouveroit estimable suivant son propre mérite personnel, et non suivant le mérite imaginaire d’une prétendue meilleure, ou d’une prétendue plus noble naissance, ce qui feroit encore un très-grand bien parmi les hommes.

Pareillement, si les hommes, particulièrement nos Christicoles, ne rendoient pas, comme ils font, les mariages indissolubles entr’eux, et si, au contraire, ils laissoient toujours également la liberté aux hommes et aux femmes de se joindre indifféremment ensemble, chacun suivant son inclination, comme aussi la liberté de se quitter et de se séparer les uns des autres, lorsqu’ils ne se trouveroient pas bien ensemble, ou lorsque leur inclination les porteroit à former quelque autre nouvelle alliance, on ne verroit certainement point tant de mauvais mariages, ni tant de mauvais ménages, qu’il y a entr’eux ; il n’y auroit point tant de discorde et de dissention, qu’il y en a entre les maris et les femmes. Ils n’auroient que faire d’en venir aux injures, ni aux emportemens, les uns contre les autres, comme ils font si souvent ; ils n’auroient