Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/260

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Les Rois donc, voulant absolument s’enrichir et se rendre les Maîtres absolus de toutes choses, il faut que les pauvres peuples fassent tout ce qu’ils exigent d’eux, et qu’ils leur donnent tout ce qu’ils leur demandent, et cela sous peine d’y être contrains par toutes sortes de voïes rigoureuses, par saisies et exécutions de leurs biens, par l’emprisonnement de leurs personnes et par toutes autres sortes de violences, ce qui fait gémir les peuples sous un si rude esclavage. Et ce qui augmente encore la dureté d’un joug et d’un gouvernement si odieux et si détestable, c’est la rigueur avec laquelle ils se voïent tous les jours maltraités, par un millier de rudes et sévères exacteurs des deniers de leur Roi, qui sont ordinairement tous gens fiers et arrogans, et dont il faut que les pauvres peuples souffrent toutes les rebufades, toutes les voleries, toutes les fourberies, toutes les concussions et toutes autres sortes d’injustices et de mauvais traitemens ; car il n’est si petit officier, ni si petit receveur ou si petit commis de Bureau, ni si vil archer, ni si vil garde de sel ou de tabac, qui, sous prétexte d’être aux gages du Roi, ou sous prétexte de recevoir et d’amasser ses derniers, ne croïe devoir faire le fier, et avoir droit de bafouer, de maltraiter, de fouler et de tiranniser les pauvres peuples. D’un autre côté ils mettent, ces Rois, de gros impôts sur toutes sortes de marchandises, afin d’avoir leur profit de tout ce qui se vend et de tout ce qui s’achète ; ils en mettent sur les vins et sur les viandes, sur les eaux-de-vie et sur les bierres et sur les huiles ; ils en mettent sur les laines, sur les toiles et sur les dentelles ; ils en mettent sur le poivre et sur le sel, sur