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c’est la dureté, la hauteur des Rois et leur molesse, qui les rend incapables de veiller sur tous les Membres de l’État, pour prévenir les troubles. Voilà, dit Mentor, ce qui cause les révoltes et non pas le pain, qu’on laisse manger en paix aux laboureurs, après qu’ils l’ont gagné à la sueur de leur visage. Quand le peuple est chargé d’exactions insuportables, par l’avarice ou l’orgueil des Princes, qui lèvent des deniers sur lui par des voïes et des impositions inhumaines, il y a toujours du danger de mutinerie. De compte fait l’on trouve 45 Empereurs Grecs, qui sont la moitié de tout ce qu’il y en a eu, qui ont fini leur vie par une mort violente, digne punition de leur orgueilleuse tirannie. Onze de ces Empereurs ou Princes de leur sang ont eu les yeux crêvés, et six le nez coupé ! Il paroit en Senéque qu’il prête un peu à la tirannie des Empereurs de son tems. Mais je tiens pour certain, dit le Sr de Montagne, que c’est d’un jugement forcé qu’il condamne la cause de ces généreux meurtriers de Caesar. Les Sauvages, dit-il, ne m’offensent pas tant de rotir et de manger les corps des trépassés, que ceux qui les tourmentent et persécutent vivans, ainsi on peut dire qu’ils sont pires, que ceux qui les mangent après leur mort.

Les peuples, comme il est dit dans Télémaque, sont malheureux par l’ambition des Rois, par leur faste et par leur imprudence ; car les peuples ne souffrent ordinairement que par les fautes des Rois, qui devroient veiller incessamment pour les empêcher de souffrir. Delirant Reges plectuntur achivi. Un Roi n’est que pour avoir soin de son peuple, comme un Berger de