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les demeurent impunies. Il donne, continue-t’-il, assez de pouvoir aux Rois pour se défendre eux-mêmes et n’en aïant point accordé au peuple, il se rend son protecteur, et il oblige étroitement les Rois, qui ont l’honneur d’être des images vivantes de sa puissance et ses Lieutenant en terre, de lui faire raison. C’est pour cela qu’il dit encore dans un autre endroit, que le bien de l’État est le but que Dieu lui-même a proposé à tous les Rois, en leur mettant la couronne sur la tête, qu’il n’y a rien qui leur doit être plus considérable et que c’est le centre où doivent tendre toutes leurs actions, parce que les Rois, comme il est dit dans Télémaque, ne sont Rois que pour avoir soin de leurs peuples, comme des Bergers ont soin de leurs troupeaux, ou comme de bons pères de famille ont soin de leurs enfans et qu’ils ne sont pas tant fait pour commander impérieusement aux hommes, comme ils sont faits pour les gouverner sagement.

Cependant, quoique la plûpart des Princes et des Rois de la terre ne soient maintenant que des fiers et orgueilleux tyrans et que la plûpart des peuples ne soient que de pauvres et malheureux esclaves sous le joug tirannique de leur domination, on ne voit néanmoins personne qui ose les contredire, ni même qui ose ouvertement condamner ou blâmer leur conduite ; au contraire, on voit bien plutôt des milliers de lâches et vilains flateurs, qui, pour faire leur cour et pour mieux se faire valoir, s’efforcent de leur complaire en toutes choses, leur cachent leurs défauts et leurs vices pour et tachent même de faire passer leurs vices pour des vertus, ou pour peu qu’ils aïent de talens et de