Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/309

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grand-père l’eût prins et lui le possédât, soit Duché, Comté, ville ou château, meubles, prez, étangs ou moulins, chacun en sa qualité, et qu’il crut fermement, comme le devons croire : je n’entrerai jamais en Paradis, si je ne fais satisfaction, et si je ne rends ce que j’ai de tel, il ne sauroit être croïable, qu’il y eut Prince ou Princesse au monde, ni autre qui voulût rien retenir de son sujet, ni de son voisin, ni qui voulût faire mourir nul à tort, ni le tenir en prison, ni ôter aux uns pour donner aux autres et les enrichir, qui est le plus cruel métier qu’ils fassent, ni procurer choses dèshonnêtes contre ses parens et serviteurs pour leurs plaisirs, comme pour femme ou cas semblable. Par ma foi non, dit-il, ou il n’est pas croïable, s’ils avoient donc ferme foi, et qu’ils crussent ce que Dieu et l’Eglise nous commandent sur peine de damnation, connoissant les jours être si brièfs, les peines d’enfer être si horribles et sans nulle fin, ni rémission pour les damnés, ils ne feroient pas ce qu’ils font. Il faut donc conclure, dit-il, que tous les maux viennent de faute de foi. Et pour exemple, ajoute-t’-il, quand un Roi ou un Prince est prisonnier et qu’il a peur de mourir en prison, a-t’-il rien si cher au monde, qu’il ne baillât pour sortir ? Il baille le sien et celui de ses sujets, comme vous avez vu du Roi Jean de France, prins par le Prince de Galles à la bataille de Poitiers, qui païât 3 millions et bailla toute l’Aquitaine, au moins ce qu’il en tenoit, et assez d’autres cités, villes et places, et comme le tiers du Roïaume et mit le Roïaume en si grande pauvreté, qu’il y avoit pour longtems monoïe courante