Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/318

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et croire fermement que les âmes des hommes vertueux, selon nature et selon justice divine, deviennent d’hommes saints, et de saints demi-Dieux et de demis-Dieux, après qu’ils sont parfaitement, comme ès sacrifices de purgation, nétoïés et purifiés, étant délivrés de toute passibilité et de toute mortalité, ils deviennent, non par aucune ordonnance civile, mais à la vérité et selon raison vraisemblable, Dieux entiers et parfaits, en recevant une fin très-heureuse et très-glorieuse. Je ne m’arrêterai pas à réfuter ici un si vain discours et une si vaine opinion que celle-là : il me suffit d’avoir seulement fait remarquer ici, qu’il n’y a nulle certitude, ni aucun véritable fondement dans cette croïance, que l’on a de l’Existence des Dieux, puisque la première connoissance que les hommes en ont eue, ne vient que d’erreurs, d’ignorance et d’imposture : ce qui est tellement vrai, qu’il y a déjà longtems que la plupart des hommes ont reconnu en cela l’erreur des Anciens ; et ils ont si bien reconnu la vanité et la fausseté de toutes ces anciennes Divinités-là, qu’ils ont été obligez de rejèter, comme ils rejettent encore maintenant la croïance de tous ces Dieux corporels et humains et de tous ces autres Dieux matériels et visibles de bois, de pierres ou d’or et d’argent, que la sotise et l’ignorance des anciens hommes leur faisoit adorer.

Mais ni nos Christicoles, ni les autres Deicoles, n’aïant pas voulu pour cela rejetter toute croïance de Dieu, ils ont été obligés de se restraindre au moins à la croïance d’un seul Dieu, unique en substance et en nature, comme ils disent, mais triple en personnes,