Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 2, 1864.pdf/323

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ouvrages de l’art, il faut convenir avec eux, que leur beauté et leur perfection démontrent nécessairement l’existence, la force, la puissance, la sagesse, l’adresse etc. de l’ouvrier qui les a faits, parceque l’on voit bien qu’ils ne pouroient se faire eux-mêmes, comme ils sont, si quelques habiles ouvriers n’y mettoient la main ; mais il faut nécessairement aussi reconnoître que la beauté, que l’ordre et que les perfections, qui se trouvent naturellement dans les ouvrages de la nature, c’est-à-dire dans les ouvrages du monde, ne démontrent et ne prouvent nullement l’existence, ni, par conséquent, la puissance, ni la sagesse d’aucun autre ouvrier ou ouvrière que celle de la nature même, qui fait tout ce que nous pouvons voir de plus beau et de plus admirable. Car enfin, quoiqu’en puissent dire nos Déicoles, il faut absolument qu’ils reconnoissent que les perfections infinies, qu’ils s’imaginent être dans leur Dieu, démontrent qu’il auroit été fait lui-même par un autre, ou qu’ils disent qu’elles ne le démontrent pas. S’ils disent que les perfections infinies, qu’ils imaginent être dans leur Dieu, démontrent pareillement qu’il auroit été fait lui-même par un autre, il faut, par cette même raison, qu’ils disent encore, que les perfections infinies de cet autre démontrent aussi qu’il auroit encore été fait par un autre et celui-ci encore par un autre, lequel auroit lui-même encore été fait par un autre et ainsi toujours de même, en remontant de cause en cause et de Dieux en Dieux, jusqu’à l’infini, ce qui seroit tout-à-fait ridicule et absurde ; et c’est aussi ce que nos Déicoles ne voudroient pas dire ; car pour un Dieu infiniment parfait,