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pour faire le bien ou pour faire le mal, et par conséquent ils ne seroient pas plus dignes de louange ou de blâme, ni plus dignes de récompense ou de châtimens les uns que les autres ; si ce n’est que les louanges et les récompenses, comme aussi les blâmes et les châtimens sont plus convenables aux autres qui ont connoissance et sentiment, qu’à ceux qui n’en ont point ; mais cela ne regarde point la liberté qui, selon l’hypothèse, ne seroit pas plus dans les uns que dans les autres.

Ajoutez à cela que la connoissance et la volonté des êtres animés ne serviroient de rien dans cette hypothèse, pour la liberté de ceux qui agiroient, puisque toutes leurs pensées, toutes leurs connoissances et toutes les volontés qu’ils pouroient avoir ne seroient que des suites et des effets nécessaires des diverses déterminations ou des diverses modifications des plus subtiles parties de la matière, lesquelles diverses modifications et déterminations du mouvement des plus subtiles parties de la matière, n’étant pas plus libres ni moins fortes et efficaces dans les corps animés que dans les corps inanimés, elles ne laisseroient pas plus de liberté dans les uns que dans les autres. Or il est évident que les êtres animés, comme sont les animaux, ont naturellement d’eux-mêmes plus de force et de puissance pour se remuer, que n’en ont des instrumens inanimés ; et nous sentons certainement par nous-mêmes que nous avons naturellement la force de nous remuer nous-mêmes, puisque nous nous remuons et que nous nous reposons effectivement quand nous voulons. Il en est de même des animaux, ils se