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puissance d’engendrer ne se borne pas non plus dans les femmes à la génération d’un seul enfant, il y en a beaucoup, qui en font jusqu’à plus d’une douzaine, et il y en a même eu plusieurs, et il y en a encore plusieurs, qui en font deux ou trois d’une seule ventrée. Le Journal historique du Mois de Mai 1709 raporte que la femme d’un artisan de Londre mit au monde 5 garçons et 3 filles d’une même couche. On dit qu’une comtesse de Pologne, nommée Marguerite, enfanta d’une seute portée 36 enfans. Bien plus qu’une Comtesse de Hollande, nommée aussi Marguerite, s’étant moquée d’une pauvre femme, qui étoit fort chargée d’enfans, eut d’une seule ventrée autant d’eufans, qu’il y a de jours en l’an, savoir 365, qui furent tous mariés[1].

Je ne parle pas de plusieurs espèces d’animaux, qui d’ordinaire font 10 ou 12 petits de leur espèce, d’une seule ventrée. Il paroit bien par tous ces exemples, et par l’expérience de ce que l’on voit tous les jours, que la puissance d’engendrer dans les hommes et dans les bêtes, ne se borne point à la génération d’un seul, mais qu’elle va beaucoup plus loin ; pourquoi donc nos Christicoles veulent-ils borner si court, dans leur Dieu, une si douce, si charmante et si estimable puissance que celle-là ? Ils n’en sauroient donner aucune raison solide, et c’est en quoi aussi ils se rendent ridicules, et plus ridicules que n’étoient les païens, dans la croïance qu’ils avoient de la génération de leurs Dieux.

  1. Voïez sur cela les Annales de Hollande et de Pologne.