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qu’Abraham est mort et que tous les prophètes sont morts, et que tu dis, lui dirent-ils[1] : Que si quelqu’un garde ta parole, qu’il ne mourra jamais. Et comme il persistoit encore à leur dire des sotises, ils lui dirent encore : Quoi ! Tu n’a pas encore 50 ans et tu as vu Abraham, qui est mort depuis tant de siècles. Enfin, voïant qu’il leur répondoit et qu’il leur disoit toujours quelques sotises, ils prirent des pières pour le lapider et pour lors il fut contraint de se retirer et de se cacher d’eux.

Un jour, aïant dit aux Juifs qu’il leur donneroit sa chair à manger et son sang à boire, que s’ils ne mangeoient sa chair et ne buvoient son sang, qu’ils n’auroient point la vie en eux[2], ils trouvèrent ce discours si dur et si absurde, qu’ils en furent fort scandalisés, et se dirent les uns aux autres, comment celui-ci peut-il nous donner sa chair à manger, et son sang à boire ? Plusieurs de ses Disciples ne pouvant souffrir la dureté et l’absurdité d’un tel discours, se séparèrent de lui et l’abandonnèrent, jugeant bien par ce discours qu’il n’étoit qu’un insensé ! Une autre fois, comme il les entretenoit encore, suivant son ordinaire, de quelques vains discours, ceux qui l’entendoient parler jugèrent diversement de lui[3], les uns disant qu’il étoit bon, les autres disant que non, mais qu’il étoit un séducteur de peuple ; mais la plûpart le regardoient comme un fol et comme un insensé et disoient : il est possédé du Démon et est hors d’esprit, pourquoi l’écoutez-vous[4] : dicebant

  1. Joan. 8 : 48. 52. 59.
  2. Joan. 6 : 53
  3. Idem 7 : 12.
  4. Joan. 10 : 20.