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que pour satisfaire sa cruauté. » Voilà comme cet historien en parle.

Lucien[1] n’en parle pas plus honorablement, il les traite de misérables. « Ces misérables, dit-il, méprisent toutes choses et la mort même sur l’espérance de l’immortalité de l’âme, et s’offrent volontairement aux supplices, car leur prémier législateur, qui a été, dit-il, crucifié dans la Palestine, pour avoir introduit cette secte, leur a fait accroire qu’ils sont tous frères, depuis qu’ils ont renoncé à notre Religion, et qu’adorant le crucifié ils vivent selon ses loix et croïent que tout est commun, recevant ses dogmes avec une aveugle obéissance. »

La haine contre les Chrétiens,[2] dit l’histoire romaine, étoit si grande dans l’empire romain, qu’on les accusoit d’être la cause de tous les malheurs qui arrivoient dans l’empire, de sorte que si le Tibre s’enfloit, si le Nile ne montoit pas assez haut, si le ciel s’arrêtoit, si la terre trembloit, s’il venoit une famine ou une contagion, le peuple enragé contr’eux, crioit qu’il falloit les exposer aux lions et aux bêtes farouches.

Mais aprenons d’eux-mêmes l’estime que l’on faisoit d’eux et de leur doctrine et de leur manière de vivre, car leur témoignage ne doit pas être suspect en ce qu’ils disent à cet égard. Nous prêchons, disoit leur grand S. Paul[3], un Jésus-Christ crucifié, qui est un sujet de scandale aux Juifs et qui paroit une folie aux Gentils. Mais comme il s’imaginoit qu’il y avoit

  1. Lucien.
  2. Hist. Rom.
  3. Cor. 1. 23.