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lement avancer et proposer publiquement des choses si ridicules et si absurdes ? Il faut que la prévention, que l’habitude, que la naissance et que l’éducation fassent d’étranges effèts dans l’esprit des hommes, puisqu’elles les aveugle jusqu’à ce point. Car il n’y a que la prévention, que l’habitude, que la naissance et que l’éducation, qui puisse maintenant faire recevoir aveuglement des choses si ridicules et si absurdes. Il n’y en a certainement point de pareilles dans tout le Paganisme, et il semble que la Religion Chrétienne n’a été inventée, que pour faire voir jusque à quel excès de folie les hommes sont capables de se laisser aller ; car il n’y a rien de si ridicule, ni de si absurde qu’il soit, que nos Deichristicoles Romains ne pensent devoir aveuglement croire, sous prétexte de leur foi divine. C’est aux Chrétiens, dit le Sr. de Montagne[1], une occasion de croire, que de rencontrer une chose incroïable : elle est d’autant plus selon la Religion, qu’elle est contre l’humaine Raison

Omnia jam fiunt, fieri quae posse negabam,
Et nihil est de quo non sit habenda fides !

En effèt on ne peut rien s’imaginer de plus ridicule et de plus absurde, que ce que cette Religion enseigne et oblige de croire. Pour preuve de quoi il n’y a qu’à remarquer encore sur quel fondement nos Christicoles Docteurs se fondent, pour établir de si beaux et si admirables mistères que les leurs, vous seriez surpris de l’aprendre, si je ne vous l’avois

  1. Essai de Montagne p. 466.