Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 3, 1864.pdf/111

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miracles ? Il est constant que nos Déicoles eux-mêmes ne sauroient les distinguer les uns des autres ; et pour preuve évidente de cela est, que depuis plusieurs milliers d’années que ces prétendus prophètes ont commencé à paroître dans le monde, ils n’ont pû encore convenir ensemble d’en reconnoître aucun pour véritable d’un commun consentement : c’est ce qui les a obligés en tout tems de se diviser, comme nous les voïons, en divers partis, qui sont tous oposés les uns aux autres et qui ne reconnoissent aucun d’eux pour vrais prophètes, que ceux qui leur ont donné leurs loix et leurs cérémonies, regardant tous les autres comme des faux prophètes et comme des imposteurs.

Moïse, par exemple, ce grand Moïse égyptien, Législateur du peuple juif, qui a fait, dit-on, de si grands prodiges dans son tems, et qui parloit, dit-il, à Dieu, ou à qui Dieu parloit aussi familièrement qu’il auroit parlé à son ami, a été regardé du peuple juif comme un très-grand et véritable Prophète. Ses actions surprenantes, si elles étoient telles qu’on les dit, ont été regardées par les juifs comme de véritables miracles, mais il a toujours été rejetté de toutes les autres Nations comme un insigne imposteur, et ses prétendus miracles n’ont été régardés que comme des fables et comme des impostures. Il n’étoit pas même de son tems si généralement reconnu des siens pour un vrai prophète, que plusieurs de sa troupe ne lui aient disputé cette gloire[1]. Témoins

  1. Num. XII : 1.