Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 3, 1864.pdf/180

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

des corps infiniment parfaits, j’en conviens ; mais conçoit-on plus clairement et plus facilement quelqu’autre être infiniment parfait ? Point du tout ; au contraire il est beaucoup plus facile de concevoir des perfections dans un corps qui est étendu et qui a des parties, que dans un être qui n’a ni forme, ni figure, ni parties, ni étendue aucune. On peut facilement, par exemple, concevoir de la beauté et de la bonté dans un corps qui est étendu et qui a des parties, mais comment concevoir de la beauté ou de la bonté dans un être qui n’a ni forme, ni figure, ni partie, ni étendue aucune ? Certainement cela n’est pasconcevable. Comment pouroit-on y concevoir une beauté et une bonté infinie, puisque l’on ne sauroit même de bonté, y concevoir aucun dégré de beauté, ni sensibles ? Et enfin comment pouroit-on concevoir l’infini dans un être qui n’auroit aucune partie, ni aucune étendue ? Certainement, encore un coup, cela ne se peut, cela est contradictoire, cela se détruit et cela répugne même dans les termes.

Un être particulier et fini, tel qu’est le corps, ne peut, dit-il, être conçu universel et infini, cela est vrai ; mais il est clair et évident aussi, qu’un être qui n’a point d’étendue, ne peut être conçu universel et infini ; cela, dis-je, est contradictoire, et cela se détruit de soi-même.Mais l’idée de Dieu, dit-on, l’idée de l’être en général, de l’être sans restriction, de l’être infini n’est pas une fiction de J’esprit, ce n’est point une idée composée qui enferme quelque contradiction, il n’y a rien de plussimple, quoiqu’elle comprenne tout ce qui est et tout ce qui peut être. Or, ajoute-