Page:Le Testament de Jean Meslier - Tome 3, 1864.pdf/377

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manger les uns les autres, ou de languir et de mourir de faim, ce qui seroit toujours un mal et même un très-grand mal ; et par conséquent c’est une nécessité inévitable suivant la constitution présente de la I nature, qu’il y ait du mal d’une façon ou d’autre ; de j sorte que s’il ne venoit point, comme il vient maintenant du vice ou de la faute, et de la malice et méchanceté des hommes et des animaux, il viendroit nécessairement et infailliblement de la trop grande multitude d’hommes et d’animaux, qu’il y auroit sur la terre, qui n’auroient point de quoi se ranger, ni de quoi se nourir sans se manger les uns les autres. Ce qui nous fait manifestement voir, que le monde est nécessairement un mélange de bien et de mal, et qu’il faut nécessairement, suivant la constitution de la nature, qu’il y ait du bien et du mal ; puisque l’ordre naturel des productions et des générations succesRives, qui se font dans la nature, ne sauroit subsister, ni continuer sans ce mélange fâcheux de bien et de mal, et sans qu’un grand nombre de productions prennent tous les jours fin pour faire place à de nouvelles, ce qui ne se peut faire, suivant la constitution de la nature, sans le bien des uns et sans le mal des autres ; c’est-à-dire sans la naissance des uns et sans la destruction des autres, et qui est un bien pour les uns et un mal pour les autres.

Or il n’est pas croïable et il n’est pas même possible qu’un être tout-puissant, infiniment bon, infiniment aimable et infiniment sage auroit jamais voulu, en créant le monde, faire ainsi un mélange confus de bien et de mal. Un être qui seroit infiniment bon et