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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

vérité ! — Le cachot de Voltaire ! — Le cachot de Mirabeau ! — Le cachot de la Liberté ! — Respirer ! respirer ! — Monstre, tu tomberas ! — Nous te raserons de la cime à la base, engloutisseur d’hommes, assassin, lâche, lâche, bandit !

Ils lui montrent le poing, s’excitent mutuellement, la face congestionnée, rauques à force de crier. Hulin, Robespierre, Marat, agitent les bras, tâchent de se faire entendre ; on comprend qu’ils désapprouvent le peuple, mais leur voix se perd dans le tumulte.
HULIN, quand il peut enfin se faire entendre, criant.

Vous êtes fous, fous ! Nous allons nous casser la figure contre cette montagne !

MARAT, se croisant les bras.

Je vous admire de vous donner tant de mal pour délivrer quelques aristocrates. Mais vous ne savez donc pas qu’il n’y a que des riches là-dedans ? C’est une prison de luxe, qui n’est faite que pour eux. Qu’ils règlent leurs affaires entre eux ! cela ne vous regarde pas.

HOCHE.

Toute injustice nous regarde. Notre Révolution n’est pas une affaire de famille. Si nous ne sommes pas assez riches pour avoir des parents à la Bastille, nous le sommes assez pour adopter les riches, malheureux comme nous. Tout homme qui souffre injustement est notre frère.

MARAT.

Tu as raison.

LE PEUPLE.

Nous voulons la Bastille !

HULIN.

Mais enfin, enragés, avec quoi la prendrez-vous ? Nous n’avons pas d’armes, et ils en ont, eux !

HOCHE.

Justement. Allons les prendre.

Une rumeur s’élève dans le fond.