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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

CAMILLE.

Écoute ce qu’un jour a fait de ce peuple. Que ne verrons-nous pas ! Ô Lucile, que de belles choses nous allons faire ensemble ! Voilà la foudre lancée. Quelle joie de frapper de tous côtés, dans le tas, de détruire ces tyrans, ces injustices, ces préjugés, ces lois ! Enfin !… On va donc casser le nez à ces magots ridicules, dont le sourire grotesque s’opposait à tout, défendait tout, empêchait de penser, de respirer, de vivre ! On va faire maison nette, brûler les vieilles nippes ! Plus de maîtres. Plus d’entraves. Que cela est amusant !

LUCILE.

Qui dirigera Paris maintenant ?

CAMILLE.

Nous, parbleu. La Raison.

LUCILE.

Ils crient bien fort. Cela me fait peur.

CAMILLE.

C’est l’effet de mes paroles.

LUCILE.

Tu crois qu’ils t’écouteront toujours ?

CAMILLE.

Ils m’ont écouté quand j’étais inconnu ; que ne pourrai-je, maintenant qu’ils m’adorent ! — Bonnes gens ! quand ils seront délivrés des maux qui les accablent, tout va devenir facile, aimable, riant… Ah ! Lucile, c’est trop de bonheur, à la fois, tout d’un coup ! — Non. Pas trop ! Jamais trop !… Mais cela me grise un peu, après tant de misère !

LUCILE.

Pauvre Camille ! tu as été si malheureux ?

CAMILLE.

Oui, cela a été bien dur, et bien long !… Six années !…