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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

CAMILLE, après un moment.

Te souviens-tu de cette vieille histoire anglaise que nous lûmes ensemble : ces deux enfants de Vérone qui s’aimaient au milieu d’une ville soulevée ?

LUCILE, fait signe que oui.

Pourquoi me demandes-tu cela ?

CAMILLE.

Je ne sais pas. — Ah ! qui sait ce que l’avenir nous réserve ?

LUCILE, lui fermant la bouche.

Camille !

CAMILLE.

Pauvre Lucile, aurais-tu bien la force, si le malheur voulait… ?

LUCILE.

Qui sait ? Peut-être la trouverai-je alors. Mais toi, j’en ai peur, tu souffriras cruellement.

CAMILLE, mécontent et inquiet.

Mais tu dis cela, comme si tu croyais vraiment que cela arrivera !

LUCILE, souriant.

Tu es plus faible que moi, mon héros.

CAMILLE, souriant.

Peut-être. J’ai besoin que l’on m’aime. Je ne sais pas être seul.

LUCILE.

Jamais je ne te quitterai.

CAMILLE.

Jamais. Quoi qu’il arrive, que tout nous soit commun, que rien ne nous sépare, que rien ne vienne desserrer l’étreinte de nos bras…

Un moment de silence. Lucile reste immobile, la tête appuyée sur l’épaule de Camille.