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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

INVALIDES.

Monseigneur, il a perdu la tête, il brise tout dans sa chambre, il crie et pleure comme un enfant.

VINTIMILLE, haussant les épaules.

Allons. Je prendrai donc sa place jusqu’au bout. — À lui-même, ironique, un peu amer. Je ne me doutais pas que j’aurais un jour l’honneur de faire tomber, avec les quatre siècles de ces murailles, la royauté de France aux mains des avocats. Voilà une belle tâche. Faquin de sort !… Peuh ! Rien n’est rien, tout est indifférent, tout passe, tout finit. La mort arrange tout. Adieu vat ! — Nous allons leur servir un peu de comédie, un grand air pour finir. — Haut. À vos rangs ! Formez la haie !

La garnison se range dans la cour, les Invalides à droite, les Suisses à gauche. De Flue, debout. Vintimille se lève, appuyé sur sa canne.

La crosse en l’air ! — Messieurs, je dois vous avertir que, malgré mes précautions, il y aura peut-être des surprises, quand l’ennemi sera entré. Vous savez que ce n’est pas une armée disciplinée. Mais s’ils manquent aux convenances, ce n’est qu’une raison de plus pour que nous y restions fidèles. — Messieurs les Suisses, au nom du Roi, je vous remercie de votre obéissance. Vous y avez plus de mérite que les autres. Tournant la tête vers les Invalides, en souriant légèrement. Quant à vous, nous nous comprenons.

Murmure approbatif des Invalides.
DE FLUE, flegmatique.

Bah ! C’est la guerre.

Un Invalide siffle : « Où peut-on être mieux qu’au sein de sa famille ? »
VINTIMILLE, se tournant vers lui, avec un geste un peu dédaigneux.

Chut ! Montre moins ta joie. C’est indécent, mon ami.

L’INVALIDE.

Monseigneur, c’est malgré moi.