Page:Le Théâtre de la Révolution. Le Quatorze Juillet. Danton. Les Loups.djvu/204

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
188
THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

DANTON.

C’est le mot de tous les envieux. Avec ce beau raisonnement, ils châtrent la nation de tout ce qui fait sa force.

ROBESPIERRE.

Point de force où manque la confiance !

DANTON.

Tu te défies de moi ? Tu crois aux sottises qu’on répand sur mon compte, aux hallucinations de Billaud-Varenne ? Regarde-moi. Ai-je donc la face d’un hypocrite ? Haïssez-moi, mais ne me soupçonnez pas !

ROBESPIERRE.

C’est aux actes qu’on juge les hommes.

DANTON.

Que reproches-tu aux miens ?

ROBESPIERRE.

De ménager tous les partis.

DANTON.

J’ai une âme fraternelle pour tous les malheureux.

ROBESPIERRE.

On se vante de n’avoir point de haine, et on ne hait point, en effet, les ennemis de la République, mais on détruit ainsi la République. La pitié pour les bourreaux est une cruauté pour les victimes. Cette indulgence nous a mis dans la nécessité de raser des villes ; elle nous coûterait, un jour, trente ans de guerre civile.

DANTON.

Tu vois le crime partout ! c’est une folie. Si tu es malade, soigne ton mal, mais ne force pas ceux qui sont sains à prendre médecine. La République se dévore. Il est encore temps d’arrêter cette Terreur absurde et féroce qui consume la France. Mais si tu ne le hâtes, si tu ne te joins à nous, toi-même tu seras bientôt incapable d’en limiter les ravages ; tu le voudras en vain : elle te brûlera avec les