Page:Le Théâtre de la Révolution. Le Quatorze Juillet. Danton. Les Loups.djvu/263

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
247
DANTON

teurs. À des faits il n’opposa point des fureurs d’athlète et de rhéteur ; il s’appliqua à se justifier, et y parvint. Je ne puis vous proposer de meilleur modèle que ce grand citoyen[P 1].

DANTON.

Je vais donc descendre à ma justification, je vais suivre le plan adopté par Saint-Just… En parcourant cette liste d’horreurs, je sens toute mon existence frémir ! — Moi, vendu à Mirabeau, Orléans, Dumouriez ! Je les ai toujours combattus. J’ai contrarié les desseins de Mirabeau, quand je les croyais dangereux pour la liberté. J’ai défendu Marat contre lui. Je n’ai vu Dumouriez que pour lui demander compte des millions qu’il avait gaspillés. Je pressentais ses projets, et, pour les entraver, je caressai la vanité du drôle. Fallait-il le pousser à bout, quand il tenait dans ses mains le salut de la République ? Oui, je lui envoyai Fabre ; oui, je lui fis promettre qu’il serait généralissime ; mais je chargeais en même temps Billaud de le surveiller de près. Va-t-on me reprocher d’avoir menti à un traître ? J’ai commis bien d’autres crimes pour la patrie ! On ne sauve pas un État avec des vertus de sacristie. Tous les crimes, tous, je les eusse portés sur ces épaules, sans plier, s’il l’eût fallu pour vous sauver, vous tous, juges, peuple, vils imposteurs même qui m’accusez ![P 2]… Moi, conspirer avec la royauté ! Je me souviens, en effet, d’avoir provoqué le rétablissement de la puissance monarchique au 10 août, le triomphe des fédéralistes au 31 mai, la victoire des Prussiens à Valmy ![P 3]… Mes accusateurs ! qu’on me les produise ! Je demande à parler des coquins qui perdent République. J’ai des choses essentielles à révéler ; je demande à être entendu[P 4].


LE PEUPLE.
  1. Une femme, d’un ton pénétré. — Le martyr !
  2. Mouvement.
  3. Ah ! je crois bien !
  4. Mais oui ! mais oui !

    David. — Pas tant de contes ! Tête au sac !