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LES LOUPS

TEULIER.

Si. Tout à l’heure. Je suis fatigué.

L’aubergiste sort.



Scène II

TEULIER seul. — Il ne parle pas, pendant quelque temps. Il se balance sur sa chaise, en regardant dans le vide. Puis il se lève, se promène machinalement, avec des yeux préoccupés, quelques gestes et des mots préoccupés qui n’ont pas de sens. Il s’arrête et se passe la main sur le front.
TEULIER.

J’ai la tête vide. Je me suis trop fatigué aujourd’hui. Il s’assied. C’est curieux, je n’ai plus faim. Il faut manger pourtant. Il approche son assiette, mais ne mange pas. C’est un bonheur qu’il soit arrêté. La canaille ! voilà donc pourquoi il désirait cette expédition contre les émigrés. Il se sentait filé ; il cherchait à s’échapper, après avoir pris note de notre plan de défense. Et alors, il lui eût été facile… Il laisse tomber sa pensée. Verrat, c’est Verrat qui… Reprenant machinalement. Il lui eût été facile… — « Une balle intelligente peut arranger les choses… » — Irrité. Ah ! ça, qu’est-ce que j’ai donc ? Je ne suis plus capable de finir une phrase ! — Il repousse son assiette et se lève. Une correspondance avec le roi de Prusse ! et depuis des mois ! Je venais de partir, dit Rieffel. — Il défendait Brunswick encore ce matin, il admirait la tactique prussienne… — Mais ce frère, ce frère acharné à le perdre, toutes ces machinations parties du camp des émigrés… Tonnerre ! Il souffle ; il s’assied à nouveau. Voyons, du calme, Teulier. Tu perds la tête. Raisonne un peu. Ce que t’a dit d’Oyron n’était peut-être qu’une ruse de plus. Toute la question, c’est de savoir s’il a imaginé ce conte pour détourner tes soupçons. S’il y a, comme dit l’autre, des pièces évidentes, des lettres écrites par lui, toute une correspondance saisie… Il se lève et va brusquement à la porte. Appelant. Rieffel ! — Plus fort. Rieffel !

L’aubergiste accourt.