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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

pas. Croyez-vous me faire peur, parce que vous êtes une foule, et que vous avez cent gueules qui hurlent ? Je n’en ai qu’une ; mais elle sait se faire entendre. J’ai l’habitude de parler au peuple. Je vous vois, tous les soirs, en face. Je suis mademoiselle Contat.

LA FOULE.

Contat du Théâtre Français ! — du Théâtre français ! — Ah ! ah ! laisse voir ! — Silence !

LA CONTAT.

Vous n’aimez pas la reine ? vous lui donnez son congé ? Est-ce que vous allez chasser de France maintenant toutes les jolies femmes ? Vous n’avez qu’à le dire : nous ferons notre paquet. Nous verrons ce qui se passera sans nous. — Vous m’amusez, en m’appelant aristocrate ! Je suis fille d’une friturière de harengs, qui avait son échoppe sous le Châtelet. Je travaille comme vous. J’aime autant que vous Necker. Je suis pour l’Assemblée. Mais je ne puis souffrir qu’on me commande ; et je crois, têtebleu ! que si vous vous avisiez de vouloir me faire crier : Vive la Comédie ! je crierais : À bas Molière ! Pensez ce que vous voulez. Il n’y a pas de lois contre la sottise. Mais il n’y a pas de lois non plus pour y obliger ceux qui gardent leur bon sens. J’aime la reine : je le dis.

UN ÉTUDIANT.

Je crois bien : elles sont de moitié ensemble. Elles ont toutes deux le comte d’Artois pour amant.

DEUX OUVRIERS.

Quel fil ! ça parle tout seul !

— Elle est en gueule comme personne.

DESMOULINS.

Citoyens, on ne peut demander à une reine de parler contre la royauté. La vraie reine, la voici ! Les autres sont reines de pacotille, monarques fainéants. Leur seule utilité est de pondre un dauphin. Une fois le petit éclos, il n’y a plus rien à en faire. Elles vivent à nos dépens, et nous coû-