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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

HULIN, remarquant une petite fille qui regarde Marat avec des yeux pleins de larmes.

Eh ! petite, qu’as-tu ? Tu pleures aussi ?

La petite ne détourne pas les yeux de Marat, que ses porteurs posent à terre. Elle court à lui.
LA PETITE JULIE, à Marat, joignant les mains.

Ne pleurez pas, ne pleurez pas !

MARAT, regardant la petite.

Qu’as-tu, petite fille ?

JULIE.

Ne soyez pas malheureux, je vous en prie !… Nous serons meilleurs, oui, je vous promets, nous ne serons plus lâches, nous ne mentirons plus, nous serons vertueux, je vous jure !…

La foule rit. Hulin fait signe à ses voisins de se taire, pour ne pas troubler la petite. Marat, qui s’est assis, change d’expression en l’écoutant. Sa figure s’éclaire. Il regarde l’enfant avec une grande douceur, et il lui prend les mains.
MARAT.

Pourquoi pleures-tu ?

JULIE.

Parce que vous pleurez.

MARAT.

Est-ce que tu me connais ?

JULIE.

Quand j’étais malade, vous m’avez soignée.

MARAT, l’attire doucement vers lui, la regarde dans les yeux, lui écarte les cheveux.

Oui, tu te nommes Julie. Ta mère est blanchisseuse. Tu as eu la rougeole, cet hiver. Tu avais peur. Tu criais dans ton lit que tu ne voulais pas mourir. Elle détourne la tête, il la serre contre sa poitrine, en souriant. N’aie pas honte. — Tu me comprends donc, toi ? Tu es avec moi ? Sais-tu seulement ce que je veux ?