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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

HOCHE.

Cela se voit souvent chez nos chefs.

HULIN.

Celui-là a fait sa fortune en épousant une des catins de l’ancien roi ; et le même homme fit des prouesses à Crefeld et à Rosbach.

UNE VIEILLE MARCHANDE.

Mes enfants, qu’est-ce que vous avez donc à parler toujours de brûler, et de pendre, et de tout saccager ? À quoi ça vous avancera-t-il ? Je sais bien que vous n’en ferez rien. Mais alors, pourquoi le dire ? Croyez-vous que ça rendra votre soupe meilleure, d’y faire cuire quelques aristocrates ? Ils s’en iront avec leur argent, et nous serons encore plus malheureux que devant. Voyez-vous, il faut accepter les choses comme elles sont, et ne pas croire aux menteurs qui prétendent qu’on peut les changer avec des cris. Voulez-vous que je vous dise ? Nous perdons notre temps ici. Il ne se passera rien. Il ne peut rien se passer. On vous menace de la famine, de la guerre, de toute l’Apocalypse. Tout ça, ce sont des inventions de journaux qui n’ont rien à dire, d’agents provocateurs. Il y a un malentendu avec le roi. Mais ça s’arrangera, si nous allons chacun tranquillement à notre besogne. Nous avons un bon roi ; il nous a promis de nous garder notre bon monsieur Necker, qui nous donnera une bonne Constitution. Pourquoi ne pas y croire ? Est-ce que ça n’est pas le bon sens même ? Pourquoi voulez-vous que ça ne soit pas le bon sens qui ait raison ? Moi, j’y crois ; j’ai été aussi badaude que vous ; j’ai perdu quatre heures ici ; je m’en vas vendre mes navets.

LA FOULE, murmure approbatif.

Elle a raison. — Tu as raison, la mère. Allons-nous-en chez nous.

HULIN.

Que dis-tu de cela ?