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LE 14 JUILLET

LA FEMME.

J’ai monté dans ma chambre des tuiles, des tessons, des culs de bouteilles : j’ai tout apporté près de la fenêtre, tout, la vaisselle, les meubles. S’ils passent, je leur casse la gueule.

UNE AUTRE FEMME, à sa fenêtre.

Moi, ma chaudière est sur le feu, et bout depuis le dîner. J’y fais cuire des pavés. Qu’ils viennent : je les grillerai.

UN GUEUX, avec un fusil, s’adressant à un bourgeois.

Donne-moi de l’argent.

LE BOURGEOIS.

On ne mendie pas ici.

LE GUEUX.

Je ne te demande pas du pain, quoique j’aie les boyaux vides. Mais j’ai un fusil, et rien pour acheter de la poudre. Donne-moi de l’argent.

UN AUTRE GUEUX, un peu aviné.

De l’argent, j’en ai, moi, tant que tu veux.

Il sort une poignée d’argent.
PREMIER GUEUX.

D’où as-tu ça ?

DEUXIÈME GUEUX.

Je l’ai pris aux Lazaristes aujourd’hui, quand on a pillé le couvent.

PREMIER GUEUX, le prend à la gorge.

Tu veux donc déshonorer le peuple, cochon ?

DEUXIÈME GUEUX, cherchant à se dégager.

Eh bien, quoi ? Tu es fou ?

PREMIER GUEUX, le secouant.

Vide tes poches !

DEUXIÈME GUEUX.

Mais…