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THÉÂTRE DE LA RÉVOLUTION

L’HOMME.

Au large !

GONCHON.

Comment, coquin ? Que fais-tu là ?

L’HOMME, emphatique.

Je veille sur la nation, sur la pensée de la nation.

GONCHON.

Qu’est-ce qu’il raconte ? As-tu des papiers ? Qui t’a chargé de ce soin ?

L’HOMME.

Moi.

GONCHON.

Veux-tu rentrer chez toi !

L’HOMME.

Je suis chez moi ici. Mon chez moi, c’est la rue. Je n’ai pas de maison. Rentre chez toi toi-même, bourgeois. Ôte-toi de mon pavé !

Il s’avance vers lui, d’un air menaçant.
GONCHON.

C’est bon. Pas de querelles… Je ne perdrai pas mon temps à me colleter avec un ivrogne. Cuve ton vin, soûlard ! — Et nous, continuons notre ronde… Ah ! les gueux ! on n’en viendra jamais à bout ! On a beau avoir l’œil ouvert ; les barricades sortent de terre, comme des champignons ; et toutes les rues sont pleines de ces fainéants, qui ne pensent qu’à se battre. Si on les laissait faire, morbleu ! il n’y aurait plus de roi demain.

Il sort avec ses hommes.
L’HOMME EN FACTION.

Regardez-moi ces empotés, ces crapauds bleus, ces Jocrisses qui mènent les poules pisser ! Parce que ça s’est donné des titres, ça prétend faire la loi à un homme libre !… Bourgeois ! Dès qu’ils sont quatre ensemble, ils forment