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LE 14 JUILLET

nailles auront toujours l’avantage sur les honnêtes gens, puisque ceux-ci s’imposent des règles, et les autres non. Alors, pourquoi rester honnête, puisque c’est une duperie ? — Parce qu’on ne peut pas faire autrement, sans doute. Bah ! cela vaut mieux ainsi. Je ne pourrais pas respirer, si j’étais aussi mal bâti moralement, aussi malpropre d’âme. — Il n’est que trop sûr qu’ils auront raison de nous… Le jour vient… C’eût été bon pourtant de vaincre… Les pauvres bougres ! ils vont nous écraser ! — Il hausse les épaules. Et puis après !…

On entend au loin la voix joyeuse de Hoche, au milieu des acclamations et des rires de la foule. — Les fenêtres des maisons s’ouvrent. Les gens se penchent pour voir. — Desmoulins, Robespierre et leurs amis sortent du café où ils sont réunis.
HULIN.

C’est Hoche ! J’entends son rire ! Ah ! cela fait du bien !

Hoche entre, au milieu d’une troupe de gardes françaises en armes comme lui, et d’une foule qui rit et crie. La Contat se distingue entre tous par sa belle humeur. Marat, inquiet et soupçonneux, vient par une autre rue.
HOCHE, riant, montrant à ses camarades les fortifications populaires,

Regardez-moi ce travail. Quel est le Vauban qui a bâti cela ? Ah ! les braves gens ! Je vous embrasserais tous. Quelle peine ils se sont donnée ! Et pourquoi faire, bon Dieu ? — Eh ! mes amis, contre qui tout cela ? Est-ce contre vos amis ? Les ennemis ne viendront pas, allez, soyez tranquilles !

LE PEUPLE.

Vivent les gardes françaises !

Marat s’élance devant Hoche et lui barre le passage, les bras étendus.
MARAT.

Arrête, soldat ! Pas un pas de plus !

La foule étonnée parle confusément, et se presse pour voir.
DESMOULINS.

Qu’a-t-il ? Il perd la tête ?