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AU MORT





Moi, qui chante les bois, les prés,
Dans ma rugueuse et rouge prose
Où marchent les désespérés
Au regard farouche et morose,

J’aime tes vers si mesurés
Qu’une lumière pure arrose
De rayons d’or inaltérés,
Ô grand poëte blanc et rose !

Triomphe en ce pays divin.
Où ne germe ni blé ni vin,
Que tu peuplas de tant de marbres,

Toi qui me fais trahir les arbres
Et déserter mon vert sentier,
Peintre du Rêve, toi, Gautier !

LÉON CLADEL.