Page:Le Tombeau de Théophile Gautier, 1873.djvu/83

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Où les âmes vont, il le sait.
Où le cœur lassé se repose,
Et — quand nous le pleurons — il cause
Avec Lamartine et Musset !

Ne nous diras-tu point, poëte,
Ce qu’on voit, franchi le grand pas ?
Ce voyage, lyre muette,
Ne nous le conteras-tu pas ?

Sous les couleurs étincelantes
Dont ta palette eut le secret,
Divin Maître, que ce serait
Plein de charmes, et d’épouvantes !

Tu dirais si le ciel est pur,
La plaine humide de rosées.
Si le Styx est noir ou d’azur.
S’ils sont verts les Champs Élysées ;

Quel batelier c’est que Caron,
Et comment Minos délibère ?
Tu nous montrerais l’Achéron,
Et les trois têtes de Cerbère !

Tu dirais s’il est des damnés
Plongés dans la fournaise ardente,
Ou s’ils ne sont qu’imaginés
Les cycles effrayants de Dante ?