Page:Le Tour du monde - 01.djvu/176

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prince de Satsouma, déconcerta un jour singulièrement les officiers hollandais, en leur adressant une question à laquelle ils ne purent répondre. Il leur demanda quelle était l’application de la photographie aux observations barométriques. Les marins hollandais avaient oublié qu’à l’observatoire de Greenwich on se sert d’appareils photographiques pour mieux constater les variations barométriques, thermométriques, hygrométriques. Mais comment ce fait scientifique si nouveau était-il parvenu à la connaissance du prince de Satsouma, à sept mille lieues des bords de la Tamise ?

Un sergent de ville japonais, à Yédo. — Dessin de Doré, d’après M. de Trévise.

On jouit, à Nangasaki, de la plus grande liberté de circulation. On ne voit partout dans les rues que Français, Américains et Russes. Nous traversons, pour descendre à terre, le fameux îlot de Désima, îlot factice adossé à la mer, si célèbre par la longue captivité à laquelle les négociants hollandais se sont laissé soumettre pendant deux siècles, ne croyant point payer par là trop cher le droit de commercer avec le Japon. Aujourd’hui les corps de garde sont vides, les barrières sont abaissées, et chacun se rend librement en ville.

On a beaucoup exagéré l’importance du commerce de la Chine avec le Japon. Ce commerce est presque nul. Les Japonais méprisent trop les Chinois pour avoir de fréquents rapports avec eux. Il ne vient guère par an, en moyenne, que quatre ou cinq jonques chinoises à Nangasaki. Les sujets de l’Empire du Milieu occupent dans cette ville un assez vaste terrain, à droite de Désima : mais il est enclos d’une forte palissade, et il ne leur est point permis d’en sortir. La plus grande partie de leurs importations se compose, dit-on, de marchandises européennes, et ils font ainsi concurrence aux Hollandais.

Le vendredi 22 octobre, notre départ est résolu. Le