Page:Le Tour du monde - 02.djvu/128

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frais et le soleil vient égayer ses cours plus vastes que celles des autres couvents. Cet établissement est le plus peuplé de la montagne, par conséquent celui dont les environs sont les plus cultivés. Il ne faudrait pas croire cependant pour cela que les moines soient très-exigeants envers le sol qui donne à pleines mains tout ce qu’on lui demande. Quand les pentes ne sont pas trop roides, ils y montent et ensemencent ; ailleurs ils laissent venir les arbres selon leur caprice, cueillent les fruits qui pendent aux branches basses et mangent les autres quand ils tombent.

Peinture de la trapeza de Lavra : les trois patriarches. — Dessin de Thérond d’après une photographie.

À la fondation de ce monastère se rattache une anecdote qui, selon toute apparence, n’est qu’une fable. Les fils de Théodose, Arcadius et Honorius venaient de Naples à Constantinople avec leur mère quand ils furent, à la hauteur d’Imbros, assaillis par une tempête. Arcadius tomba à la mer et fut retrouvé par les ermites du mont Athos couché sur une touffe de framboisier (βάτος, framboisier). Les ermites reconnaissant à la beauté de l’enfant son origine royale, le portèrent à Constantinople, et lorsque Arcadius succéda à son père, il fit élever, à l’endroit même où il avait été poussé par la mer, un couvent auquel il donna le nom de Vatopédi (de βάτος, framboisier ; παιδίον, enfant).

A. Proust.

(La suite à la prochaine livraison.)