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pinacles, de statuettes et de peintures ; malheureusement elle est gâtée par un mur moderne qui la surmonte, et par un clocher de mauvais goût qui l’avoisine à gauche. À l’intérieur, des colonnes antiques, avec des bases et des chapiteaux dorés, divisent l’édifice en trois nefs et soutiennent des plafonds en bois. Les mosaïques qui couvrent les demi-coupoles des absides et qui datent du quatorzième siècle, une chaire en marbre sculptée avec beaucoup d’élégance par Antonio Gagini, le maître autel, incrusté de pierres dures, et plusieurs mausolées intéressants, forment les principales richesses de la cathédrale de Messine. On y conserve aussi une boucle de cheveux qu’on dit avoir appartenu à la Vierge Marie, et une traduction en latin de la fameuse lettre qu’elle passe pour avoir écrite aux Messinois, et dont j’ai signalé une copie à Palerme (voy. p. 5).

La place, entourée d’édifices réguliers, est ornée d’une statue équestre de Charles II en bronze, et d’une fontaine agréablement disposée et sculptée, en 1547, par fra Giovanni Angelo, de Florence.

On célèbre à Messine, au 15 aout, la fête de la Vara, où les processions, les chars gigantesques, les représentations mélangées de la Vierge, des saints, des divinités païennes, des princes sarrasins et normands, les illuminations, font la joie du peuple. La fête de la Sagra Lettera, le 5 juin, est aussi fort en honneur.

Les Messinois passent pour être en général assez ignorants ; la pêche, et surtout la pêche de l’espadon, est une de leurs industries favorites. L’ambition de la suprématie, qu’ils contestent à Palerme, a excité chez eux une haine vivace envers les Palermitains.

Cependant le temps fixé pour mon séjour en Sicile était écoulé. Après m’être séparé très-amicalement de mon guide et de mon muletier, je pris place sur un bateau à vapeur qui devait me ramener à Naples. Notre navire, forcé une première fois par la tempête de rentrer dans le port de Messine, passa enfin sans accident entre le gouffre bouillonnant de Charybde et le redoutable rocher de Scylla ; nous laissâmes à gauche les îles Lipari, dont la principale, Stromboli, s’annonce au loin par les flammes ou les fumées de son volcan, et nous entrâmes le matin du 13 octobre dans la magnifique rade de Naples.

Stromboli. — Dessin de Rouargue.
Félix Bourquelot.