Page:Le Tour du monde - 02.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

arbustes à demi morts. Enfin les dalles de la chaussée sont en grande partie brisées ou ont disparu. Malgré cette désolation, il y a bien de la grandeur et de l’élégance dans ces restes du Tchéhar-Bâgh.

Plusieurs des édifices qui longent ce boulevard sont cependant en bon état. Ils ont échappé à la destruction et on les voit aussi jeunes que jamais. Il en est ainsi du collége appelé collége de la Mère du roi et fondé par une princesse Séfévy. Ce monument merveilleux a même conservé, et c’est presque un miracle, sa porte couverte de lames d’argent ciselées. Autant que je me le rappelle, celui qui a accompli ce beau travail a écrit son nom dans un coin, et il était de Tébryz. On ne peut rien admirer de plus élégant que cette orfèvrerie grandiose. Les dessins se composent d’enroulements de feuillages et d’inscriptions arrangées à la façon arabe, c’est-à-dire de manière à fournir le principal motif d’ornementation. Je regrette de ne pas me souvenir du nom de l’auteur de cette œuvre pleine de goût et de talent. Il faut dire aussi que l’artiste travaillait pour une personne qui voulait témoigner grandement de son respect pour la science.

La princesse qui fit faire cette porte et le collége où nous allons entrer, se proposa de créer pour l’étude et la méditation un lieu d’asile où rien ne pût les troubler. Elle voulut que les yeux satisfaits laissassent à l’âme une pleine liberté et tinssent l’intelligence en joie. Par la splendeur de la porte qui devait conduire dans le sanctuaire, elle indiquait dès l’abord quel lieu charmant son collége devait être.

En effet l’entrée n’annonce rien de trop ; quand on l’a franchie, on se trouve dans un petit préau dallé, où se tiennent des marchands de fruits et des kalians, toujours