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d’obéir à un élan qui le pousse d’une force merveilleuse vers l’inconnu. Il a sans doute ramassé dans le cours des ruisseaux bien des cailloux sans valeur, quelques-uns par hasard d’une merveilleuse beauté, mais plus souvent encore il a ramassé des monceaux de pierres auxquels il sentait qu’il ne devait pas s’attacher. Il a persévéré toujours, et toujours il persévère, et c’est là une puissance dont le reste du monde devrait être reconnaissant, puisqu’il lui doit, en somme, tout ce qu’il possède et a possédé jamais du haut domaine intellectuel[1].

Cte A. de Gobineau.
Le Démavend. — Dessin de M. Jules Laurens.
  1. La Perse n’a fourni, en 1859, qu’un faible contingent de relations et de notices. C’est un pays qui a déjà été trop exploré pour donner lieu à des voyages de découvertes proprement dits, mais il n’est pas encore assez connu pour qu’il ne reste pas à en étudier la topographie, l’état économique, les institutions et les ressources. Une expédition russe, qui le parcourt en ce moment, promet une moisson plus riche que celle qu’avaient recueillie les précédents voyageurs. La grande échelle sur laquelle elle a été organisée, le mérite des hommes qui la composent ont permis un ensemble d’investigations auxquelles ne pouvait suffire un voyageur isolé. À la fin de septembre 1858, l’expédition avait atteint Hérat ; elle avait jusqu’alors trouvé près du gouvernement persan le plus favorable accueil. À Hérat et aux environs, les voyageurs ont rencontre de nombreux restes d’antiquités. Partout se présentaient sur leur route des fragments de marbre et de serpentine travaillés, des briques émaillées et des vestiges d’inscriptions. Pendant le séjour de M. de Khanikoff à Téhéran, quelques-uns de ses compagnons avaient été faire dans les environs d’Astérabad une course qui n’a pas été sans profit pour l’histoire naturelle. Une partie de Mazandérau fut explorée, tant sous le rapport topographique que sous le rapport botanique et zoologique. On dressa, par des opérations géodésiques, un itinéraire détaille d’Astérabad à Téhéran, en passant par Scharoud. Pendant leur séjour à Mechhed, les membres de l’expédition en étudièrent avec soin les monuments et explorèrent la riche bibliothèque de manuscrits que Iman Riza y a réunis. Tout le monde a entendu parler des célèbres mines de turquoises du Khoraçan. M. Gœbel y est descendu et s’y est livré à une exploration attentive du minerai qui fournit ces pierres précieuses. Le même naturaliste a visité Turbet, Cheïdari, Turmis, Kuchimisch, Sebswar et Kudjan ou Kabujan. Nous ne connaissons encore que d’une manière sommaire les richesses recueillies par l’expédition, mais ce qu’on nous en rapporte ne permet pas de douter que l’histoire naturelle n’ait beaucoup à gagner du voyage de M. de Khanikoff » (Rapport de M. Alfred Maury sur le progrès des sciences géographiques pendant l’année 1859, lu à la grande assemblée générale annuelle de la Société de géographie de Paris.)