Page:Le Tour du monde - 04.djvu/119

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plus élégants, chacun est tenu en main par un garçon d’écurie, le maître de poste fait un profond salut, le yemtchick monte sur son siége, rassemble avec soin les rênes dans sa main, donne le signal, les chevaux sont abandonnés à eux-mêmes, et partent d’un galop désordonné. Ce n’est que peu à peu que le postillon parvient à les maîtriser, mais les laissant cependant toujours dévorer l’espace. Un seul exemple peut donner une idée de leur course : j’ai parcouru, sur un excellent chemin, la montre à la main, vingt-six verstes en cinquante-neuf minutes.

Ce merveilleux Sésame ouvre-toi, cet il bondo kani de papier, je devais en jouir ; la personne que le prince Bariatinsky avait chargée de me ramener à Saint-Pétersbourg en était munie ; aussi me fut-il permis de franchir en huit jours et cinq heures de voyage, les deux mille sept cents verstes qui séparent Tiflis des bords de la Néva.

C’est par une splendide après-midi que je quittai Tiflis. Le ciel avait cette transparence que je n’avais encore vue que dans l’Attique ; chaque détail des hautes collines qui entourent la capitale de la Géorgie était visible jusqu’à la plus grande distance. Les arbres revêtus de leur nouvelle parure, frémissaient joyeusement sous la brise rafraîchie par les hauts sommets chargés de neige du Kasbek que l’on voyait poindre à l’horizon et que je devais bientôt contempler de plus près ; les prairies émaillées de fleurs aux couleurs variées, nous envoyaient les effluves de leurs senteurs embaumées ; nos deux tarantasses volaient avec une vertigineuse rapidité, en soulevant à peine un léger nuage sur la route, grâce à une pluie bienfaisante, une de ces chaudes pluies de printemps, qui, la veille, avec une complaisance dont je lui savais gré, était venue abattre