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l’on n’aperçoit pas, ses défauts. De superbes escaliers en pierres colossales conduisent du rivage aux maisons, aux palais et aux magnifiques portes de la ville. Dans la belle partie de la ville, ces escaliers forment une chaîne non interrompue de deux milles de longueur. Ils ont coûté des sommes énormes, et, avec les pierres employées à leur construction, on aurait pu bâtir une grande ville.

« Le beau quartier de Bénarès renferme un grand nombre d’anciens palais de style mauresque, gothique ou hindou. Les portails sont grandioses, les façades sont couvertes de superbes arabesques, de bas-reliefs et de sculptures ; les divers étages sont ornés de belles colonnes, de piliers en saillie, de vérandas, de balcons, de frises et de corniches. Les fenêtres seules ne me plurent pas ; elles sont basses, étroites et presque toujours irrégulières. » (Premier voyage autour du monde, chap. xii.)

Après la ville sainte, Cawnpore, Delhi, Indore et Bombay reçurent l’infatigable voyageuse. Les célèbres temples de rochers d’Adjunta et d’Ellora, ainsi que les îles Éléphanta et Salsette, furent aussi pour elle l’objet d’un examen tout particulier. Elle fut reçue dans les maisons de beaucoup d’Indiens distingués et observa partout les mœurs, les coutumes dans leurs particularités. Elle assista aussi bien aux chasses des tigres qu’au sutty ou auto-da-fé d’une veuve indienne. Elle pénétra même assez avant dans l’étude de la vie des missionnaires anglais.

Cap de Bonne-Espérance, vue de la ville. — Dessin de A. de Bar d’après le voyage de la Novara.

À la fin d’avril 1848, nous retrouvons Ida Pfeiffer sur mer en route pour la Perse. De Bouschir elle voulait aller à Schiras, à Ispahan et à Téhéran ; mais des troubles dans l’intérieur du pays la détournèrent de ce projet et elle se dirigea vers la Mésopotamie. Par la voie du Schat-el-Arab elle se rendit à Bassora et ensuite à Bagdad. Après une excursion aux ruines de Ctésiphon et de Babylone, elle alla à travers le désert jusqu’à Mossoul avec une caravane, et aux ruines voisines de Ninive ; puis de là à Ourmia et à Tauris. Ce voyage de Mésopotamie et de Perse est une des entreprises les plus audacieuses et les plus considérables de l’intrépide voyageuse. Il fallait une intrépidité rare et une grande force physique pour supporter sans y succomber les fatigues de tout genre, le jour la chaleur du soleil, la nuit les incommodités de toute espèce, une misérable nourriture, un gîte malpropre et la crainte constante de se voir attaquée par des bandes de pillards. Aussi quand elle se présenta à Tauris devant le consul anglais, celui-ci ne voulait pas croire qu’une femme eût pu faire un tel voyage.

À Tauris elle fut introduite chez le vice-roi Vali-Ahd et obtint la permission de visiter son harem. Le 11 août 1848, elle se remit en route, traversa la Géorgie, l’Ar-