Page:Le Tour du monde - 04.djvu/405

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mann, qui est Suisse de naissance. Les premières années de l’installation furent consacrées à une suite d’excursions chez les populations environnantes, jusqu’à de longues distances dans l’intérieur. Ces excursions nous ont valu une masse considérable de renseignements du plus haut intérêt sur des pays jusque-là complétement inexplorés, et sur une foule de tribus dont les noms mêmes, pour la plupart, étaient inconnus ; mais ce qui fixa surtout, il y a douze ans, l’attention et le vif intérêt du monde savant fut l’annonce de la double découverte de deux montagnes couronnées de neiges éternelles, l’une presque sous l’équateur, l’autre à quelques degrés plus au sud, toutes deux sous le même méridien, à deux ou trois cents milles anglais de la côte. Des théoriciens et des esprits contradicteurs comme il y en a partout voulurent contester la réalité de ces découvertes, comme si l’Amérique n’avait pas aussi ses glaciers éternels sous les feux de la ligne ; mais les information set les observations plusieurs fois renouvelées des deux missionnaires étaient trop formelles, quoique les circonstances ne leur eussent pas permis de gravir eux-mêmes les deux pics, pour qu’un esprit raisonnable pût garder le moindre doute. L’existence des montagnes neigeuses de Kilimandjaro et de Kénia est restée un fait acquis à la science.

Le lieutenant Lambert, voyageur français dans le Fouta-Djalon (livr. 76 et 77).

Les deux missionnaires de Rabbaï avaient aussi recueilli, dans le cours de leurs excursions parmi les indigènes, de nombreux rapports qui s’accordaient à mentionner un lac immense situé plus avant dans l’intérieur, au cœur même du continent. Ces rapports pouvaient être sans doute empreints d’exagération, mais ils étaient trop concordants et venaient de sources trop différentes pour ne pas avoir un fond de vérité ; on se rappelait d’ailleurs que des indications analogues furent autrefois recueillies par les Portugais, et que ces grands lacs intérieurs de l’Afrique du sud ont longtemps figuré sur les anciennes cartes.

Aujourd’hui de vagues informations ne suffisent plus à notre besoin de notions positives. Ce trait caractéristique de la configuration de l’Afrique australe appelait une