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pas paraître aux yeux de l’homme de Dieu, car Dieu est bien plus grand que toutes ces choses[1] !. Enfin, plusieurs personnages de la cour portaient au cou de riches croix d’or et d’argent. » Devant tant de condescendance et d’humilité, le bon missionnaire crut à un prochain triomphe du christianisme dans le Dahomey.

Cette illusion date d’octobre 1861 ; dès le mois suivant, M. Borghéro ne voyait plus, hélas ! dans Abomey qu’une boucherie d’hommes et un charnier[2]. Enfin, le 5 mars 1862, le bourg paisible d’Ischagga, dépendant d’Abbéokuta et peuplé de catéchistes chrétiens, était cerné et assailli de nuit par un corps de troupes dahomyennes, et tous ceux de ses habitants qui n’étaient pas massacrés sur place étaient entraînés, chargés de liens, dans les parcs à esclaves de Bâhadou. Ce qu’il a fait de ces malheureux, nous l’apprendrons par ce qui suit.

Intronisation ou sacre du roi Bâhadou (p. 104). — Dessin de Foulquier d’après T. F. Valdez.


III

Narration de M. Euschart, négociant hollandais, recueillie à Petit-Popo, le 6 août 1862, par le commandant T. L. Perry, du navire de Sa Majesté Britannique le Griffin, et adressée par ce dernier au gouverneur anglais de Lagos.

« … Vers le milieu du mois de juin dernier, je me trouvais à Wydah, où m’avaient appelé des affaires de commerce. Le 24 du même mois, je reçus, à mon grand étonnement et déplaisir, la canne d’honneur du roi de Dahomey, accompagnée de l’invitation impérative de me rendre, sans retard, à Abomey. Je n’épargnai ni prétextes, ni ruses, ni efforts d’aucune espèce pour éviter ce voyage, mais le tout vainement. Les cabéceirs de Wydah me déclarèrent ouvertement que si je n obéissais pas aux volontés du roi en me rendant de mon plein gré à Abomey, j’y serais traîné comme prisonnier. En con-

  1. Annales de la Propagation de la foi, no 201.
  2. Annales de la Propagation de la foi, no 206, janvier 1863.