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Cette muraille a de développement près de vingt-quatre milles ; sa largeur est de trois mètres quatre-vingts centimètres. Haute de sept mètres, elle sert d’appui à un glacis qui partant presque du sommet, s’étend sur une distance de quinze mètres de sa base.

Aux quatre points cardinaux se trouvent des portes pareilles ; le côté de l’est en compte deux.

Dans cette vaste enceinte, aujourd’hui couverte de tous côtés d’une forêt presque impénétrable, on découvre à chaque pas des édifices plus ou moins ruinés, mais qui tous témoignent de l’ancienne splendeur de cette ville.

En quelques endroits effondrés par les pluies ou creusés par les mineurs qui recherchent sans doute des trésors enfouis sous ces décombres, on voit sous une épaisse couche d’humus, des lits épais d’un mètre et formés de porcelaine et de poterie.

Trois murs d’enceinte assez éloignés les uns des autres et bordés chacun d’un fossé, entourent ce qui reste du Palais des anciens rois.

Dans la première enceinte sont deux tours reliées par des galeries, et qui forment de quatre côtés comme un arc de triomphe. Les murs sont bâtis en concrétions ferrugineuses dont chaque gros bloc forme sur sa longueur l’épaisseur du mur ; les tours et les galeries sont en grès comme dans les édifices précédents.

À une centaine de mètres de l’angle du carré qui se trouve formé du côté nord par le mur d’enceinte se trouve un singulier édifice consistant en deux hautes terrasses carrées avec angles rentrants, et reliées au mur d’enceinte par une autre muraille ; le tout ruiné à demi.

Dans une cavité creusée récemment par des mineurs sont de gros blocs travaillés et sculptés qui remplissent l’intérieur et paraissent provenir de la partie supérieure qui se serait écroulée.

Les murs, encore intacts, sont couverts sur toutes leurs parois de bas-reliefs, formant quatre séries superposées et dont chacune représente un roi assis à l’orientale, les mains reposant sur la moitié d’un poignard, et ayant à ses côtés une cour de femmes. Toutes ces figures sont chargées d’ornements, tels que pendants d’oreilles excessivement longs, colliers et bracelets. Elles n’ont pour costume qu’un léger langouti, et toutes ont la tête surmontée d’une coiffure terminée en pointe que l’on dirait composée de pierreries, de perles et d’ornements d’or et d’argent. Les bas-reliefs d’un autre côté représentent des combats ; on y remarque des enfants portant la chevelure longue, nouée en torchon, ainsi que l’étroit langouti des sauvages de l’est.

Toutes ces figures le cèdent cependant en beauté à la statue dite du roi lépreux, dont la tête, type admirable de noblesse, de régularité, aux traits fins, doux et au port altier, a dû être l’œuvre du plus habile des sculpteurs d’une époque qui en comptait un grand nombre doués d’un rare talent. Une moustache fine recouvre la lèvre supérieure, et une longue chevelure bouclée retombe sur les épaules ; mais tout le corps est nu et n’est recouvert d’aucun ornement.

Un pied et une main ont été brisés.

Le type de cette statue est essentiellement celui des Arians de l’Inde antique ; cette circonstance, jointe au caractère d’une portion du moins des bas-reliefs des temples et des palais d’Ongkor, et qui semblent inspirés de la mythologie et des combats chantés dans le Ramayâna, nous reporte à la plus haute civilisation de l’Inde ; à l’époque qui a précédé la scission de ses croyances et les luttes de dix siècles entre le brahmanisme et le bouddhisme. Toujours est-il que la tradition locale confond l’original de cette statue avec le fondateur d’Ongkor.

Cette ville garde encore, dans son voisinage, de la supériorité de ses premiers architectes sur tous ceux de l’Indo-Chine moderne, un témoignage non moins irrécusable que ses temples et que ses palais. C’est un pont de très-ancienne date, en assez bon état de conservation sauf le parapet et une partie du tablier qui ne présentent plus aux yeux qu’un amas de ruines en désordre. Les piles, les arches et les voûtes qui les forment, construites