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Ainsi concentrée, prise sans sucre et à jeun, cette infusion est irritante. Beaucoup de voyageurs ne peuvent la supporter ; elle détermine des nausées et des vomissements. Le maté léger et aromatisé a des propriétés irritantes encore, mais beaucoup moins énergiques, quoiqu’il ne convienne pas à toutes les organisations : l’estomac s’en arrange assez mal, surtout au début ; il agit aussi sur le cerveau, et éloigne le sommeil.

Cette boisson paraît nécessaire à l’habitant du Sud-Amérique qui engloutit des quantités énormes de viandes mal cuites, sans pain, souvent sans farineux (manioc, maïs), et toujours sans vin ; c’est pour lui un digestif obligé.

Sabre de bois. — Bombilla ou chalumeau. — Vase maté ou culha. — Rameau de l’arbuste. — Fleur. — Fruits. — Dessin de Sauvageot.

On peut encore, ainsi que je l’ai vu dans la province de Saint-Paul, prendre le maté en infusion théiforme. C’est une manière que pour ma part, je trouve préférable à l’autre. On évite l’aspiration des nombreuses particules de la plante qui arrivent à la bouche à travers les trous de la bombilla ; on juge mieux de la force du breuvage ; et, considération à mettre en première ligne, il n’y a plus nécessité de se servir d’un tube qui a passé successivement par les lèvres d’une foule d’individus, à commencer par celles de l’esclave qui est chargé de sa préparation, sans qu’on ait pris soin de le laver une seule fois : laver une bombilla est une chose qu’un buveur de maté n’a jamais faite.

Alfred Demersay.