Page:Le Tour du monde - 11.djvu/384

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quels sont entrepris tous les travaux sont désignés par le titre énergique d’adventurers, aventuriers. N’aventurent-ils pas en effet leur fortune, n’escomptent-ils pas l’avenir, ces joueurs hardis, ces pionniers des mines, qui, quelquefois sur un simple indice, jettent sous terre des millions et percent dans le granit, le quarz, le porphyre, c’est-à-dire les roches les plus dures qu’on puisse rencontrer, des puits qui descendent jusqu’à trois et quatre cents mètres sans même rencontrer le filon. Il n’importe, neverd mind ! Capital, patience et courage, voilà ce qu’il faut aux chercheurs. Aussi comme la fortune leur sourit quelquefois, comme elle se plaît à récompenser leurs efforts ! Que de mines de cuivre et d’étain, qui paraissent stériles au début, et qui donnent aujourd’hui des millions de bénéfices annuels à leurs heureux propriétaires ! Que d’actions qui ont décuplé de valeur !

En somme, l’industrie des mines métalliques apporte dans tout le Cornouailles le bien-être, l’aisance. C’est pour l’homme intelligent, un vaste champ d’opérations presque toujours fructueuses ; pour l’ouvrier une source féconde de travail. Il y trouve non-seulement une occupation pour lui-même, mais il y emploie encore sa famille, ses filles, ses garçons, au travail peu fatigant et même agréable du lavage de minerai. En attendant la femme soigne le logis, prépare à la maison le repas et le thé, embellit le cottage où toute la famille se repose le dimanche.

Mine du Levant. — Dessin de Durand-Brager.

Les mines sont exploitées sans l’intervention de l’État, contrairement à ce qui a lieu en France, tout est laissé à l’initiative individuelle, et le travail n’en marche pas moins bien ; il faut même reconnaître qu’il est mieux conduit que chez nous. Le Cornouailles est du reste sous ce rapport comme sous tant d’autres un pays favorisé. Nous verrons bientôt que dans le pays de Galles qu’il nous reste à parcourir, et où l’industrie règne aussi en souveraine dans les forges et les houillères, on est loin de rencontrer chez l’ouvrier la même somme de bien-être, la même aisance, la même propreté, en un mot ces apparences de vie heureuse, commode, je dirai presque confortable, qui nous ont partout frappés dans notre voyage en Cornouailles.

L. Simonin.

(La fin à la prochaine livraison.)