dans la paume de la main, et à la fin de chaque copla
s’écriaient en chœur otra ! otra ! Et les plaisanteries,
les bons mots, enfin toutes ces saillies qu’on appelle des
andalousades, — andaluzadas, partaient de tous côtés
comme les fusées d’un feu d’artifice ; et c’est le cas de
le dire ici avec un écrivain espagnol : « si à Paris l’esprit
court les rues, en Andalousie il se promène par
les champs. »
Dans la belle saison, les travailleurs se réunissent sous les grands arbres, qui sont témoins de scènes pareilles à celle que nous venons de décrire ; c’est là aussi qu’ils viennent faire la sieste entre les heures consacrées au travail.
La maison que nous visitâmes comprenait aussi, outre l’habitation du propriétaire, une petite chapelle destinée aux ouvriers ; mais la cuisine n’était pas la partie la moins curieuse : quatre vastes chaudières de cuivre rouge étaient sur le feu ; le bœuf, le lard, les garbanzos
Majo et paysans des environs de Jerez (Xérès). — Dessin de Gustave Doré.
(pois chiches), les piments et les tomates répandaient
au loin leur fumet, qui aurait pu nous paraître
appétissant si l’odeur âcre de l’huile rance ne s’y fût
mêlée. D’immenses terrines de cette grossière fayence
à dessins verts qui se fabrique à Séville contenaient
de nombreuses rations de gazpacho, soupe froide et
rafraîchissante, chère aux Andalous, et de blanches
alcarrazas d’Andujar, alignées en longues files, laissaient
suinter à travers leur terre poreuse une eau limpide qui s’écoulait sur des planches légèrement inclinées.
Tout cela nous faisait penser aux noces de
Gamache, et nous cherchions instinctivement, parmi les
nombreux travailleurs qui circulaient autour de nous,
des physionomies qui nous rappelassent celles de l’ingénieux
Hidalgo et de son fidèle écuyer.
Les vignes de Jerez sont l’objet des soins les plus minutieux, comme chez nous celles qui produisent le vin de Champagne ; quand le raisin commence à mûrir, les