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aux hommes de race germanique, mais non sans quelque ressemblance avec les Espagnols et les habitants du midi de la France.

Il y a plus de différence de taille entre les hommes et les femmes du Japon qu’on ne le remarque en Europe. Selon les observations du docteur Mohnike, ancien médecin de la factorerie hollandaise à Nagasaki, la moyenne de la taille des hommes est de cinq pieds un à deux pouces de Paris, et celle des femmes de quatre pieds un à trois pouces.

Les Japonais, sans être précisément disproportionnés, ont en général la tête grosse, un peu enfoncée dans les épaules, la poitrine large, le buste long, les hanches charnues, les jambes grêles et courtes, les pieds petits, les mains fines et souvent remarquablement belles.

Chez les personnes qui ont le front très-fuyant et les pommettes des joues particulièrement larges et proéminentes, la tête, vue de face, représente plutôt la figure géométrique du trapèze que celle de l’ovale. Un fait plus général, c’est que les cavités des yeux étant peu profondes et les cartilages du nez légèrement aplatis, les yeux sont plus à la surface que chez les Européens, et même quelque peu bridés. Cependant, je ne sais pourquoi, l’effet général n’est pas celui du type chinois ou mongole : la tête du Japonais est plus grosse, la figure plus allongée, et, à tout prendre, plus régulière ; enfin le nez est plus saillant, mieux dessiné, souvent même presque aquilin. En résumé, s’il faut chercher un terme de comparaison, il me semble le trouver parmi les indigènes de la Sonde. D’après le docteur Mohnike, la tête du Japonais est celle de la race tourane.

Habitant de ville en costume d’hiver. — Dessin de A. de Neuville d’après une photographie.

Toute la population japonaise, sans exception, a la chevelure lisse, épaisse et d’un noir d’ébène. Chez les femmes, elle est moins longue qu’en Europe et dans la Malaisie. Chez les hommes, l’analogie serait peut-être


Habitant de ville en costume d’hiver. — Dessin de A. de Neuville d’après une photographie.


complète avec les Javanais, tandis qu’ils se distinguent des habitants primitifs des Philippines et des Carolines, aussi bien que des Alfoures de l’Australie méridionale, qui, les uns et les autres, ont les cheveux frisés,

Les Japonais ont la barbe assez forte, mais ils se font raser au moins tous les deux jours. La couleur de leur peau varie, selon les diverses classes de la société, depuis les teints cuivrés et basanés de l’intérieur de Java jusqu’au blanc mat ou bruni du soleil des habitants de l’Europe méridionale. La nuance dominante est le brun olivâtre ; jamais elle ne rappelle la teinte jaune des Chinois. À l’inverse des Européens, la figure et les mains chez les Japonais sont ordinairement moins colorées que le corps. Les petits enfants, les jeunes gens des deux sexes ont le teint rosé, de belles joues rouges, les mêmes indices de santé florissante que nous aimons à rencontrer autour de nous.

Les femmes ont le teint plus clair que les hommes ; on en voit beaucoup dans la haute société et jusque dans la classe bourgeoise qui sont parfaitement blanches ; les dames de l’aristocratie estiment que le blanc mat est le teint de distinction. Néanmoins les unes et les autres sont séparées du type européen par deux traits de race indélébiles, savoir : les yeux bridés, et une disgracieuse dépression de la poitrine que l’on distingue même chez les personnes à la fleur de l’âge et les plus favorisées de la nature.

Hommes et femmes ont les yeux noirs, les dents blanches, saines, séparées par des interstices réguliers, et quelque peu proéminentes. L’usage veut que les femmes mariées se les noircissent : c’est comme une réminiscence affaiblie soit de Java, soit de la Malaisie, où tout le monde a les dents plus ou moins noires par l’effet du bétel.

La mobilité d’expression que l’on remarque parmi les Japonais, la grande variété que présentent leurs