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les oratoires, les pierres commémoratives, qui marquent les stations des processions.

Peu après avoir passé une rivière sur un beau pont de bois, l’on se trouve tout à coup à l’issue d’une autre allée qui vient du côté de la mer et occupe le centre d’une large rue. C’est ici l’avenue principale, car elle est entrecoupée de trois toris gigantesques, et elle débouche sur la grande place, directement en face des terrasses, des escaliers et des bâtiments du temple.

L’enceinte même du lieu sacré est toute ouverte sur la rue et bordée des trois autres côtés par un massif de maçonnerie peu élevé, surmonté d’une barrière de bois peinte en rouge et en noir.

Investiture d’un commandement. — Dessin de Gilbert d’après une gravure japonaise.

Deux marches conduisent au premier parvis. L’on n’y distingue que des maisons de bonzes, échelonnées comme des coulisses de théâtre parmi les arbres plantés le long du mur d’enceinte, tandis que deux grands étangs de forme ovale occupent le centre de la place. Ils communiquent entre eux par un large canal, sur lequel sont jetés deux ponts parallèles, également remarquables, chacun dans son genre. Celui de droite est en pierre de taille, de granit blanchâtre, et il s’en faut peu qu’il ne décrive un demi-cercle parfait, en sorte que l’on se demande involontairement à quels exercices d’équilibre il peut être destiné ; celui de gauche est tout plat, construit en bois revêtu de laque rouge, avec des chapiteaux de balustres et d’autres ornements en vieux cuivre vernissé. L’étang du pont de pierre est couvert de magnifiques fleurs de lotus blanc ; l’étang du pont de bois resplendit de lotus rouge. Parmi les feuilles et les fleurs on voit nager, dans une eau cristalline, des dorades, des poissons rouges, d’autres encore aux ailerons nacrés. La tortue noire chemine de tige en tige, et fait ployer doucement les larges plantes aquatiques le long desquelles flottent et s’accrochent des crustacés bizarres.

Après avoir joui, avec un plaisir enfantin, de cet attrayant spectacle, nous nous dirigeons vers le second parvis. Il est exhaussé de quelques marches au-dessus du premier. Comme une clôture le protége, on ne peut y pénétrer qu’en traversant la loge des divins gardiens du sanctuaire.

A. Humbert.

(La suite à la prochaine livraison.)